Qu’est-ce que le suicide ? Avant tout, un grand débat. Une personne qui décide de mettre fin à ses jours en coupant le fil qu’est sa vie en deux. Est-ce un acte courageux ou juste une manière de fuir ou de se venger sur sa vie ? Une question à laquelle il n’est malheureusement pas si simple de répondre. Ce que Narcisse en savait, c’est qu’il s’en foutait. Pour lui, la vie c’était chiant, et il en était simple spectateur. Les choses ont bien changé maintenant. Il a toujours vu la vie comme un jeu. Finir une journée, c’était passer un checkpoint. De ce fait, l’idée de se tirer une balle ou se couper les veines ne lui avait jamais traversé l’esprit, mais il comprend que d’autres camarades soient passés à l’acte. Enfin, « comprendre » est un bien grand mot.
Le suicide, c’est également un grand nombre de questions. Pourquoi la personne a-t-elle décidé de renoncer de vivre ? Pourquoi avoir sacrifié des décennies d’inconnu, peut-être même de bonheur, pour d’autres journées, mois, années malheureux ? A l’arrivée, la personne est-elle satisfaite ? N’est-ce pas juste une manière d’attirer l’attention sur soi, et montrer qu’on ne va pas bien ? Une personne bien prise en charge et aidée peut-elle renoncer à la mort ? Là encore, impossible de répondre. Comme vous vous en doutez si bien, Narcisse s’en lave les mains, comme de sa première dent de lait. Les gens ont leurs raisons, des raisons qu’on ignore, et qui ne nous concernent pas. C’était leur vie, pas la sienne. Ce qu’il sait, c’est que lui est satisfait de sa mort. Il n’aurait jamais imaginé d’être autant libéré d’un poids que celui de ses 19 ans d’existence. Mais s’il fallait qu’il vive plus longtemps, ça ne l’aurait pas dérangé.
Finalement, le suicide, c’est également un soulagement pour une peine. Des larmes coulent à flot, des regrets bourgeonnent plus qu’un cerisier au mois de mars. Un questionnement nait dans l’esprit de chaque personne concernée, sauf celle qui est morte. Elle, elle repose en paix. Elle, elle est désormais bien loin de toutes ces emmerdes. Puis, elle arrive sur new-life, et là, elle doit trouver le destin bien ironique. Une vie pour une mort immortelle. Ca, ça prouve bien que son créateur est un putain de rigolo. Et qu’est-ce qu’on se marre.
Enfin. C’était un lundi matin comme tous les autres. Dans l’attente du début d’une mission ou de l’arrivée d’un nouveau membre, Narcisse se baladait tranquillement dans le parc. Dans son habituel jean noir, et sweat bleu pétrole, il regrettait d’avance de ne pas avoir regardé la météo avant de sortir. Il avait super chaud dans ses vêtements, et il n’y avait pas un seul nuage qui semblait vouloir pointer le bout de son nez sur le ciel. Il maudissait tout : la chaleur, le soleil, les gens, et sa connerie.
Croyant avoir l’idée du siècle, il partit s’abriter sous l’ombre d'un des arbres du parc, il se dirigea vers celui-ci. Il a eu de la chance, car il avait réussi à trouver un petit coin où il faisait plutôt frais. A côté, il entendait les gens débattre de manière enflammée. Ils ne le voyaient pas, c’était des vivants. N’est-ce pas ironique d'écouter des vivants débattre de la morts lorsqu'on en est un? Narcisse ne pouvait s’empêcher de lever les yeux au ciel à chacune de leur parole. Finalement, il ne put tenir bien longtemps sans lâcher une remarque à voix haute.
« - Ptain, ça m’étonne pas qu’il cherche à s’foutre en l’air s’il doit écouter leurs conneries tous les jours.
Il savait pertinemment que les deux filles qui piaillaient depuis tout à l’heure n’allaient pas l’entendre. Mais, ça faisait un bien fou de se vider. Il aurait bien aimé changé de place, mais c’était la seule restante à l’ombre. Au bout de quelques secondes, il cracha de nouveau son venin :
« - Même mort, j’ai envie de me faire hara-kiri une deuxième fois-là.